Les émotions comme signe d’humanité ou les larmes dans le test de Turing
Résumé
Depuis les années 1950, les cybernéticiens fondent leurs tests d’intelligence artificielle sur la faculté qu’a l’ordinateur ou toute autre « machine » d’imiter une conversation humaine. Si l’interlocuteur n’est pas capable de distinguer lequel de ses deux partenaires est un ordinateur, le logiciel utilisé passe avec succès le test, ayant la « même apparence sémantique » que l’homme. Dans son Ève future (1886), Villiers de l’Isle-Adam avait proposé une tout autre version de l’épreuve, basée sur l’expression des émotions. Hadaly, une femme artificielle conçue par Edison, réussit (en l’anticipant) le test de Turing et gagne ainsi l’affection de Lord Ewald en démontrant sa capacité de pleurer et, par cela, d’émouvoir son interlocuteur et de se faire aimer de lui. L’analyse de ce passage clé pour l’évolution ultérieure du genre de la science-fiction nous permettra d’aborder le problème général des émotions dans L’Ève future. Comment aimer une « andréide » ? Et comment se faire aimer d’elle ? L’émotionalité artificielle représente-elle un aboutissement de l’évolution humaine, ou bien plutôt une déviation malsaine qui finira par contaminer l’homme et la nature environnante ? Quelle est la réponse villierienne au défi de Turing ?
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