« Look for the nul » : Paterson ou la cartographie blanche
Résumé
Cet article propose d’explorer le très long poème Paterson, texte majeur de l’écrivain moderniste américain William Carlos Williams (1883-1963), à l’épreuve des vides dont il est tout entier parcouru. Si la cartographie peut y apparaître comme une tentation critique, vers laquelle semble nous attirer l’auteur lui-même en établissant le plan de son poème, comme en délinéant les contours de la ville du New Jersey qu’il prend pour objet, elle ne se prêtera pour nous ni à un simple repérage littéral, ni à une lecture métaphorique. Plutôt que de suivre les lignes du poème et les espaces qu’elles dessinent comme figuration d’un lieu ou des opérations qui visent à s’en saisir, il s’agira d’observer quels intervalles se rivent au contraire entre la carte et le territoire qu’elle feint de vouloir appréhender, non sans le réduire et le déformer. Plus qu’il n’emprunte ses outils à la géographie – le blanc cartographique comme signe d’un lieu barré, inexploré, ou indéterminé –, le poème les détourne au profit d’une cartographie blanche – trouée, déliée, déplacée – pour ouvrir la représentation à ce qui lui échappe, pour nous inviter à investir l’espace autrement, au rythme d’une déambulation discontinue.
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