Cinéma portugais, dictature et image absente : une archive sensible de transmémoires
Sur 48 (2010) de Susana de Sousa Dias et A toca do lobo (2015) de Catarina Mourão
Résumé
Cet article se propose d’analyser la façon dont deux films portugais récents, 48 (2009) de Susana Sousa Dias et A Toca do lobo (2015) de Catarina Mourão, répondent au défi posé par l’« image absente » et la « non-inscription » de la mémoire de la dictature de l’Estado novo dans la société portugaise contemporaine. La teneur esthétique et politique des stratégies filmiques développées pour représenter les mémoires réprimées sont saisies à partir de deux concepts clefs : l’archive sensible et la transmémoire. D’une part, par sa logique subjective et intervallaire, l’archive sensible rend possible une inscription mémorielle cinématographique qui ne remplace pas une « absence » par une « présence », évitant ainsi les effets d’une fixation identitaire ou d’une patrimonialisation des mémoires. D’autre part, ouvrant les transmissions mémorielles à une non-linéarité temporelle et spatiale, la transmémoire plus que la postmémoire, rend compte de la dimension fictionnelle à l’œuvre dans l’appropriation subjective du passé au présent. Dans les deux cas, la forme canonique du documentaire est déplacée.