Comment mettre en boîte un éclair ? Représentations filmiques et enjeux esthétiques du « concert de guérilla »

Résumé

Méconnu du grand public, le groupe de rock états-unien Lightning Bolt a bâti une bonne part de sa réputation sur l’intensité de ses concerts, les musiciens jouant systématiquement au sol, au plus près du public. Cette proximité physique, liée à une musique au caractère répétitif et « bruitiste », provoque régulièrement chez les spectateurs/auditeurs un sentiment proche de la transe, que de nombreux cinéastes – professionnels ou amateurs – ont cherché à documenter dans des contextes divers. Ce texte s’emploiera à analyser plusieurs de ces films, afin d’évaluer la manière dont les stratégies d’enregistrement audiovisuel y déplacent les rapports qui se nouent traditionnellement entre musiciens et auditoire, incitant ainsi à questionner la performativité musicale comme une dynamique qu’il s’agirait simplement d’enregistrer pour l’exprimer ou la comprendre. Dans ces films, le choix du matériel, les choix de cadrage ou de montage et les rapports de proximité avec les participants deviennent ainsi autant d’éléments permettant aux cinéastes de repenser le concert comme un événement qui ne relève plus seulement de l’ordre de la représentation culturelle, mais acquiert également une dimension rituelle qui en souligne la portée anthropologique.