Traductions anglaises de mélodies françaises à la fin du XIXe siècle ou l’aporie d’une schize
Résumé
Soucieux d’offrir à leurs clients américains un large répertoire d’œuvres vocales (pour une voix et piano), les éditions Oliver Ditson entreprirent une vaste opération d’adaptation de Lieder et mélodies de toutes provenances et ce, dès 1840. Nous appuyant sur le catalogue de leurs œuvres vocales en solo (publié à Boston en avril 1913), nous en avons extrait une dizaine de mélodies françaises éditées en feuillets séparés (toutes après les années 1870). Elles sont traduites en anglais avec double superposition des textes anglais/français à la partie vocale et proviennent des compositeurs suivants : Bizet, Chausson, Debussy, Delibes, Duparc et Fauré, couvrant des années de composition allant de 1855 (pour la plus ancienne) à 1890. Les traductions sont le fait de quatre contributeurs différents (dont deux femmes). À partir de ce corpus, il conviendra de répondre aux questions suivantes : le sens du poème est-il respecté ? Y a-t-il une recherche d’adéquation rythmique (accentuelle) ? La déclamation conserve-t-elle les mêmes propriétés ? Autrement dit : quel statut donner à ce nouveau produit dont le résultat sonore diffère forcément de l’original ? Peut-on lire une nouvelle interprétation dans la réappropriation qu’effectue le traducteur d’une pièce au régime nécessairement allographique ? Nous nous interrogerons sur les buts poursuivis par une telle entreprise du passage de l’intime à une forme d’international, mais dont la pérennité dit assez le succès qu’elle obtint.
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