Poésie martiniquaise du tournant du XIXe siècle : fictions d’une identité et d’une altérité
Resumen
Ce texte se concentre sur la poésie martiniquaise du tournant du xixe siècle, définie par la critique comme poésie doudouiste ou exotique. C’est cette notion d’exotisme que nous tâcherons de saisir comme lieu d’une fiction de soi quand le poète se présente comme étranger à son île et adopte un regard d’exote sur la Martinique. Ainsi, nous saisirons dans l’exotisme à la fois une part d’aliénation du sujet colonial en proie à l’hégémonie métropolitaine, mais aussi un regard poétique sur le monde qui fait surgir du Divers, selon la définition de Segalen. Nous mettrons donc en regard deux conceptions de l’exotisme qui se manifestent à partir de l’ethos d’exote adopté par le poète martiniquais : d’un côté nous entreprendrons de résumer les griefs imputés à cette poésie doudouiste témoignant de l’aliénation du poète qui reprend les modèles poétiques métropolitains et crée une fiction de soi comme étranger à son identité ; d’un autre côté nous aborderons l’exotisme comme une poétique qui permet à l’écrivain de reconstruire le paysage et de conquérir son identité dans un contexte colonial. Exotisme comme aliénation et aporie et exotisme comme poétique et menace pour l’ordre colonial. Ainsi cet article se donne pour projet de revaloriser la poésie martiniquaise décriée par la critique en soulignant les pratiques littéraires du détour, du détournement et du writing back. Il s’agira de comprendre comment ces pratiques permettent au poète martiniquais de conquérir son identité, paradoxalement — et c’est ce qui attire notre attention ici — en adoptant l’ethos d’exote, d’étranger. Cette fiction d’altérité, ce voile révèle finalement l’identité du sujet martiniquais.
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