« Les femmes peuvent-elles parler ? »
Le problème de l’expression linguistique des identités de genre chez Monique Wittig et Judith Butler
Résumé
Le point de départ de cet article est la thèse énoncée par Monique Wittig dans La pensée straight selon laquelle certains sujets – et notamment les femmes – n’ont pas accès à la parole dans le langage dominant, ne peuvent pas dire « je » sans entrer immédiatement dans une contradiction performative. Nous analyserons la reprise de cette thèse par Judith Butler dans Trouble dans le genre, ainsi que sa critique. Si Butler, tout comme Wittig, cherche à dénoncer les formes de domination en termes de genre dont le langage est porteur, elle s’oppose en revanche à l’idée selon laquelle on pourrait se libérer de ce langage dominant. Dans la mesure où les sujets sont toujours déjà constitués par le langage du pouvoir, une « libération » est impossible. Butler y substitue l’idée de « resignification », et ouvre la voie à une politique du performatif permettant de lutter contre un langage excluant.
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