Le malentendu dans l’Essai sur l’origine des langues de Rousseau

  • Jonathan Teschner Université de Reims Champagne-Ardenne, CIRLEP EA 4299
Mots-clés: Malentendu, Origine des langues, Musique, Mélodie, Finitude

Résumé

Le malentendu constitue, dans l’ensemble des faits de langage, une figure spécifique du sens puisqu’il permet de penser des situations où la compréhension mutuelle échoue en dépit de son apparence de succès. Les interlocuteurs croient s’être compris mais se méprennent du fait même de l’apparente efficacité de l’échange. Le malentendu serait en ce sens le signe de notre incapacité à communiquer réellement avec autrui. Or dans l’Essai sur l’origine des langues, Rousseau montre que l’évolution historique des langues les a conduites à devenir plus abstraites, plus générales, plus éloignées des passions premières de l’homme. Ainsi, le malentendu ne serait dû ni à une incapacité des interlocuteurs à se comprendre par manque de clarté ni aux situations d’énonciation conduisant aux quiproquos mais bien à l’évolution des langues elles-mêmes qui empêche l’individu de se penser dans sa vérité passionnelle. Le malentendu nous apparaîtra alors fondamentalement comme malentendu avec soi-même que seule une analyse de l’origine des langues peut parvenir à lever. Mais poser la question de l’origine des langues à partir des langues modernes suppose de retrouver une vérité première à l’aide de langues qui ont perdu le rapport direct aux passions. C’est la raison pour laquelle les tropes, la voix et le geste constitueront les lieux éminents d’une théorie musicale des langues qui doit renouer avec la possibilité d’une communication directe tout en montrant la place centrale du malentendu dans la constitution du sens au sein des langues.

Publiée
2016-09-01
Comment citer
TeschnerJ. « Le Malentendu Dans l’Essai Sur l’origine Des Langues De Rousseau ». Savoirs En Prisme, nᵒ 05, septembre 2016, p. 15-32, doi:10.34929/sep.vi5.122.