Autorité poétique et transfert européen : le cas de l’Espagne au travers de l’exemple de Góngora
Résumé
En Espagne, l’imitation des structures d’origine pétrarquiste en tant que moyen d’autorité poétique est, dès l’instauration du sonnet en Espagne au XVIe siècle, marquée par des tendances de pluralisation. Celles-ci préparent la voie à de nouvelles stratégies qui se définissent de moins en moins par la simple imitation du modèle pétrarquiste, mais par la mise en scène d’une subjectivité prononcée. C’est la sagacité, la “agudeza” de l’auteur, qui devient le fondement de la nouvelle poésie, et qui se manifestera par un emploi de plus en plus complexe de moyens rhétoriques. Dans le cas de Góngora, cette prédominance des formes stylistiques mène à la réduction du contenu sémantique de ses poèmes, y compris les références autobiographiques et morales de tradition pétrarquiste. Cette rupture avec le biographisme prémoderne est obtenue par la dépersonnalisation de ses poèmes d’un côté, et par la fictionnalisation du contenu de ses œuvres de l’autre. L’article s’efforcera de mettre en relief l’emploi cultéraniste des moyens stylistiques, spécifique chez Góngora, et le dépassement du paradigme biographique pour en dégager l’importance en ce qui concerne ses propres aspirations à la distinction intellectuelle et à l’autorité poétique.
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