Le Pied-Bot de José de Ribera (1642) ou l’infirmité dignifiée
Résumé
Dans cette scène de genre apparemment profane, le peintre représente un jeune garçon estropié. La société espagnole du Siècle d’Or fournissait de nombreux exemples de gamins sans ressources qui dépendaient de la bienfaisance publique. On a voulu voir, dans cette toile, un appel à la charité chrétienne dans l’esprit de la Contre-Réforme qui rappelait la nécessité des œuvres de miséricorde. Au sein d’une société où le paupérisme et la mendicité sont les conséquences d’une économie qui s’affaiblit, naît, tout au long du XVIe siècle et principalement dans la Péninsule, un débat sur la pauvreté qui sera suivi, en partie, par une réforme de l’assistance. Cependant, il faut aussi revoir ce pied-bot comme une figure de dépassement. Il constitue un reflet des débats qui déchiraient les académies d’art sur le Beau et sur le processus créateur. Il provoque une réflexion sur la tradition artistique et dénote un parti pris esthétique qui considérait le laid (voire l’inattendu, le difforme, le grotesque ou le burlesque) comme partie intégrante de la réalité et, par conséquent, digne d’être représenté dans des portraits.
Copyright (c) 2023 Edgard Samper
Ce travail est disponible sous licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.